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Raja El Fani - Le cinéma antique de Pasolini et Fellini: Œdipe roi, Médée et Satyricon


Le cinéma antique
de Pasolini et Fellini:
Œdipe roi, Médée et Satyricon
de Raja El Fani

A l’issue du DEA d’italien - Dir. M. Jean-Michel Gardair
Université de La Sorbonne – Paris IV
Année 2001-2002

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INTRODUCTION

Si Fellini et Pasolini ont déjà travaillé ensemble juste avant le tournage d’Accattone (1960), ce fut une collaboration plutôt courte où Pasolini mettait au service de Fellini sa perception des borgate romaines et de leur langage. D’autre part, la maison de production "La Federiz" eut une vie courte, juste après que Pasolini ait montré à Fellini quelques rushs du projet d’Accattone qui n’avaient pas enthousiasmé Fellini.

Ce qui relie entre eux Œdipe roi, le Satyricon et Médée (dans l’ordre chronologique de leur sortie, respectivement 1967, 1969, 1970) est a priori cette saveur antique, mais leurs réalisateurs ne se sont pas consultés pour discuter de leur travail. Concernant ces trois films, on ne connaît pas de documents ou d’interventions où l’un ou l’autre se feraient mutuellement référence.

Federico FelliniFederico Fellini (1920-1993) est déjà un réalisateur de renom lorsque Pier Paolo Pasolini (1922-1975) débute dans le cinéma. Avec le Satyricon, Fellini veut faire un film sur l’Antiquité romaine et dans un premier temps se documente pour tâcher d’en restituer les gestes, voire même la diction d’où la collaboration avec le latiniste Luca Canali à l’écriture.

Mais loin de lui l’idée de faire un film historique : le Satyricon garde la même tendance à l’accumulation onirique de faits, de personnages et de détails, que dans les autres films, d’ailleurs le célèbre style baroque fellinien devient sans doute plus excessif encore et donnera lieu à Casanova et à La città delle donne.

Pier Paolo Pasolini durante alcune ripresePasolini tire Œdipe roi et Médée de la tragédie grecque classique; l’œuvre de Sophocle lui sert de pilier pour son autobiographie, alors que celle d’Euripide lui permet d’affiner sa recherche sur les sociétés primitives. Pasolini se passione en même temps pour l’anthropologie et l’ethnographie en général. C’est un parcours idéologique et intellectuel qui le fascine également dans son Vangelo secondo Matteo et dans Porcile, et qui approfondit sa conception de la réalité.

Rien apparemment n’apparente les deux artistes, et le travail de Danilo Donati qui a été décorateur et costumiste sur Œdipe et le Satyricon, témoigne de leur grande diversité. Le fruit de notre recherche sera toutefois de rompre l’enclos des règnes cinématographiques de ces deux maîtres du cinéma italien sans gêner l’immunité créative qui les sépare sur le plan artistique. Il ne s’agit pas en effet d’établir un discernement ou une contestation systématique de leur identité, de leur cachet artistique dans certaines des représentations, mais d’arriver à une confrontation des scènes similaires ou non de ces films par thème.

Certes, le choix d’opposer à deux films de Pasolini un seul film de Fellini comporte l’idée de réserver au premier, et de manière évidente, une attention privilégiée. Car c’est à partir d’une constante pasolinienne que s’édifie le tissage du Satyricon avec Œdipe roi et Médée: le façonnement d’un langage corporel presque obsessionnel.

Alors que Pasolini a déjà un regard très engagé dans le langage sexuel (avant même de faire les films qui l’ont définitivement placé dans cette optique, la Trilogie de la vie et Salò), Fellini avec le Satyricon ne laisse pas de constater un embranchement évident dans le monde pasolinien, en faisant des corps un élément visuel important.

Faudrait-il, par conséquent en conclure que la marque pasolinienne (après tout si caractéristique) atteint son apogée avec l’expression mythologique dans le cinéma et que la ressemblance soudaine du Satyricon révèle que le langage corporel épuise littéralement le champ de la représentation de l’antique? Il serait de toutes manières trop simpliste de vouloir en chercher les raisons, et sans doute cela ne suffit-il pas à rapprocher les deux réalisateurs.

Œdipe roi est en quelque sorte le film qui relie Médée au Satyricon, et vice versa, car le caractère autobiographique qui l’anime contraint le spectateur à relier l’époque moderne à l’Antiquité et on retrouve ce dialogue entre présent et passé d’une manière plus implicite dans les deux autres films.

Dans une première partie, il s’agira de soupeser la valeur des corps dans l’action et de voir dans quelle mesure leur apport toujours esthétique constitue-t-il l’essence d’une situation. Il faudra partir du protagoniste et de son importance dans le récit pour estimer la valeur de ses rapports avec d’autres personnages. La deuxième partie évaluera les degrés de volupté des scènes les plus intimes, et c’est là principalement que se différenciera le style de Fellini et Pasolini. Enfin, dans la troisième partie on verra comment dans chaque film la représentation de la mort confirme la création d’un langage vivant qui favorise la projection dans le mythe et dans l’Antiquité, c’est-à-dire le temps de la fiction.

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, Pier Paolo Pasolini: il linguaggio dei corpi
, Le cinéma antique de Pasolini et Fellini: Œdipe roi, Médée et Satyricon
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