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Enrico Minardi - La conception de la langue po?tique chez Pasolini

Troisi?me chapitre
Pour une linguistique ?sensuelle?


3.13 La fonction litt?raire des traductions

Mosaico del pavimento della Basilica di AquileiaLes traductions des langues majeures au dialecte frioulan constituent, elles aussi, un ?l?ment indispensable ? l?’?l?vation linguistique et litt?raire du dialecte.?

Comme ? l?’?poque de la pol?mique classicisme-romantisme au d?but du XIX?me si?cle, elles repr?sentent en effet la garantie indispensable gr?ce ? laquelle le dialecte acc?de d?finitivement ? la sph?re de la litt?rature "majeure". C?’est pourquoi Pasolini est tr?s pol?mique ? l?’encontre de ceux qu?’il nomme "traduttori dialettali".?

Ces derniers se mantiennent, en effet, au plan du folklore, sans s?’?lever ? celui de la culture. La traduction dialectale de textes compos?s dans une langue "majeure" n?’est pas, pour eux, une translation d?’une langue ? une autre, mais une sorte de divertissement, duquel la dignit? litt?raire du dialecte est ? priori exclue. Quand Pasolini pr?sente les traductions des po?mes italiens et ?trangers, faites par les membres de l?’Academiuta, il affirme alors que:

"Ma si pensi all?’umiliazione inferta al friulano dai traduttori, battezziamoli pure a questo modo, zoruttiani, ossia dialettali. Essi danno al testo tradotto (i Paralipomeni, la Divina Commedia ecc.) una nuova natura, tutto il cromatismo, il descrittivismo e l?’implacabile buon umore del dialetto, riuscendo cos? ad una (voluta, ? vero) deformazione o ripetizione caricaturale del testo." (1)
Le rapport entre langue et dialecte n?’est donc pas envisageable d?’un point de vue hi?rarchique. La langue ne domine pas forc?ment le dialecte, lorsqu?’elle le rel?gue ainsi ? repr?senter la partie retardataire et conservatrice de la culture. D?’apr?s la conception de Pasolini, le dialecte est plut?t l?’expression linguistique d?’une culture mineure, c?’est-?-dire diff?rente, mais qui n?’est pas pour autant d?pourvue de son autonomie:
"[?…] non si tratterebbe (e qui si innesta la nostra polemica anti-zoruttiana e anti-vernacola) di ridurre, ma di tradurre ; cio? non si tratterebbe di trasferire la materia da un piano superiore (la lingua) a un piano inferiore (il friulano), ma di trasporla da un piano all?’altro di parit? di livello." (2)
Par cons?quent, la traduction ne doit pas abaisser le niveau litt?raire du texte, mais le recr?er du point de vue du style dans une dimension litt?raire autre, qui ne peut qu?’?tre inspir?e par l?’exemple po?tique de Pascoli. Pascoli est en effet, comme on a vu, l?’auteur qui (bien que d?’une mani?re discontinue et maladroite) est arriv? ? fonder une parole po?tique en s?’appuyant sur des caract?res anti-classiques et "mineurs". Pasolini affirme, ? ce propos, que la traduction doit priver le texte "della sua pienezza letteraria, del suo timbro di grande lingua, e lo renda alle acerbit? e alle grazie di una lingua minore ma non mai dialetto." (3)


3.14 Le probl?me du romantisme et la po?sie dialectale

Dans l?’essai "Sulla poesia dialettale", publi? en 1947 dans Poesia (4), Pasolini n?’ajoute rien ? ce qu?’on conna?t d?j? de sa r?flexion sur la langue litt?raire (5), except? une importante remarque qui concerne les rapports entre litt?rature dialectale et litt?rature majeure. C?’est comme s?’il ne faisait d?finitivement plus preuve de prudence quant ? exprimer son point de vue sur le romantisme italien, une opinion que, faute de courage, il n?’avait peut-?tre pas su jusqu?’? ce moment-l? expliciter. Les probl?mes soulev?s lors de la r?daction de son m?moire de ma?trise semblaient en effet attendre une r?solution plus radicale et exacte par rapport ? celle que Pasolini leur avait attribu? dans son m?moire sur Pascoli. Il me semble que cette fois Pasolini s?’achemine vers leur r?solution surtout lorsqu?’il affirme qu?’il est n?cessaire de consid?rer la litt?rature dialectale du XIX?me si?cle comme ?tant le moment le plus authentique et fort du romantisme italien. La conviction de Pasolini est d?termin?e par la correspondance entre les qualit?s naturelles des dialectes, dont " l?’italiano notoriamente scarseggia, cio? l?’immediatezza, l?’acerbit?, l?’ingenuit?" (6), d?’un c?t?, et l?’" idea romantica dell?’ingenuo, del popolare e dell?’astratto" (7), de l?’autre.?

Pasolini peut ainsi conclure son ?crit avec une affirmation qui, s?v?rement jug?e par Mario Sansone (8), me semble cependant absolument r?volutionnaire, parce qu?’elle l?gitime le plurilinguisme latent de la tradition litt?raire italienne. Cette affirmation reprend d?’ailleurs, pour la radicaliser, une opinion d?j? exprim?e par Pasolini dans son m?moire de ma?trise lorsque celui-ci confrontait la langue de Pascoli ? celle de Di Giacomo et des autres dialectaux du XIX?me si?cle. J?’ai d?j? soulign? que Pasolini ?tait probablement ici redevable de l?’analyse faite par L. Russo dans un livre concernant Abba et Di Giacomo.

Pasolini soutient dans son ?crit la sup?riorit? des po?tes dialectaux sur les po?tes ayant ?crit en italien au si?cle dernier et la n?cessit? d?’int?grer les deux ?critures (en italien et en dialecte) dans un concept diff?rent de langue litt?raire, impliquant l?’impossibilit? de r?duire la litt?rature italienne seulement aux ?œuvres ?crites proprement en italien:

"[?…] per noi ? chiaro che i "grandi" Dialettali dell?’Ottocento rappresentano un capitolo della storia letteraria italiana ; che sono da studiarsi sul piano della lingua e non altrove ; che sono da interpretarsi come un fortunato, inesplicabile momento romantico della nostra poesia." (9)
C?’est ? la lumi?re de cette d?claration que l?’?œuvre de Pascoli acquiert, gr?ce justement ? son aspect de pastiche linguistique, sa v?ritable fonction historique d?’anticiper et, par cons?quent, de provoquer la transition ? cette nouvelle conception de la litt?rature italienne (10). Il est, enfin, possible d?’?crire aujourd?’hui en dialecte car, s?’?tant affranchi de ses caract?res attard?s et r?gressifs, il est de ce fait devenu une langue dont n?’importe quel po?te peut se servir librement justement en raison de sa diff?rence par rapport ? l?’italien. Il devient donc possible, au po?te qui n?’est pas dialectophone, d?’utiliser le dialecte comme une esp?ce de langue " virtuelle " gr?ce ? ses qualit?s intrins?ques. Celle-ci lui permet en effet de "traduire" ses sentiments de l?’italien au dialecte pour en atteindre une expression plus na?ve, directe, ind?finie et irrationnelle, conform?ment ? l?’exemple de Pascoli et aussi ? ce que Leopardi exigeait d?’une v?ritable langue po?tique:
"[?…] un poeta dialettale pu? innestarsi ora nella tradizione italiana [?…] usando il proprio dialetto come una traduzione ideale dell?’italiano [?…]. Per un poeta dialettale che voglia partecipare vitalmente al suo tempo e al tempo del suo dialetto, si tratta dunque di risentire le sillabe del dialetto come le sillabe di una lingua originaria e leggera." (11)

Pier Paolo Pasolini pittore: 'Paesaggio Casarsese'3.15 Pasolini et l?’autonomie du Frioul

Dans le manifeste de l?’ "Academiuta" publi? dans le Stroligut en ao?t 1945, Pasolini d?clarait que "la nostra estetica [?…] configurer? a s? la politica" (12). Dans la note en bas de page ? laquelle il renvoyait, il illustrait la position de l?’"Academiuta" au sein du d?bat sur l?’autonomie administrative du Frioul, qui s?’?tait ouvert au lendemain de la guerre:
"Insieme al nostro disinteressatissimo amore per l?’Italia, dichiariamo subito apertamenente la nostra tendenza ad una parziale, o piuttosto ideale, autonomia della Piccola Patria. Intanto se non altro i nomi delle famiglie e dei luoghi friulani, dovrebbero tornare friulani." (13)

Il s?’agit d?’une d?claration implicite d?’adh?sion ? l?’"Associazione per l?’autonomia friulana", fond?e par l?’avocat catholique Tiziano Tessitori le 29 juillet 1945 (14). En 1947, un comit? promoteur, dont fait aussi partie Pasolini, fonde le "Movimento Popolare Friulano" pour donner plus d?’impulsion et d?’ampleur ? la lutte en faveur de l?’autonomie administrative r?gionale du Frioul. Il exposera ses opinions ? ce sujet dans quatre articles: "Che cos?’? dunque il Friuli?", "Sulle aspirazioni friulane", "Il Friuli autonomo" et "Il Friuli e il Movimento Popolare Friulano" (15). Comme ces textes traitent des probl?matiques d?’ordre politique, il me semble que m?’y int?resser conduirait ? m?’?loigner de trop de la th?matique linguistique de mon travail. Par cons?quent, je pr?f?re simplement en r?sumer la mati?re, en situant ces textes de leur ?poque.

Il est avant tout n?cessaire de noter que la fonction du MPF est n?e suite ? la r?organisation territoriale et administrative que le Frioul a subi au lendemain de la fin de la guerre. La centralisation h?rit?e du fascisme, qui faisait du Frioul une simple province d?pendante de Venise, et, par cons?quent, n?’offrait pas un terrain propice ? la red?couverte des cultures et des langues locales qui vinrent remplacer le mythe de Rome et du sang latin et mettre un terme ? l?’interdiction des dialectes qui en d?coulait. Ce genre d?’organisation tentait alors de restituer aux habitants du Frioul la conscience de leur histoire, de leur langue, de leur folklore et m?me de l?’extension g?ographique de leur territoire : bref, de leur identit? culturelle. Cette activit? reposait sur une vision de l?’?tat radicalement diff?rente de celle d?’o? les ?tats-nations ?taient issus. C?’?tait plut?t ? un ?tat r?organis? selon un mod?le d?centralis? que les autonomistes entendaient aboutir. Au niveau national, ils ?taient surtout repr?sent?s par le "Partito d?’Azione", auquel avait adh?r? le fr?re de Pasolini, Guido, en 1944 alors qu?’il entrait dans la division partisane Osoppo-Friuli (16), et pour lequel Pier Paolo montre un certain int?r?t avant de son inscription en 1947 au Parti communiste (17). Ce mod?le d?’?tat aurait en effet permis de d?passer les id?ologies nationalistes et chauvines qui avaient impos? les fronti?res parmi les nations et, en dernier recours, avaient provoqu? les deux derni?res guerres mondiales. Ainsi r?form?s, les concepts d?’extension territoriale et d?’identit? culturelle seraient devenus, selon les intentions des autonomistes, plus flous et moins rigides. Le Frioul, par exemple, aurait pu accentuer sa collaboration et son entente avec les r?gions des pays frontaliers, auxquels, par tradition et histoire, il ?tait plus li? qu?’au reste de l?’Italie, sans pour autant renier son appartenance au territoire national. L?’?change entre les peuples aurait ?t? ainsi favoris?. Cet estompement des identit?s nationales aurait aussi consolid? la paix, apr?s trois d?cennies de guerres et de conflits.

Pier Paolo Pasolini, 'Dal Diario (1946-47), Edizioni Salvatore Sciascia, 1954Or, il est clair que l?’id?ologie linguistique dialectale de Pasolini s?’adapte parfaitement ? ce programme politique, et on comprend donc tr?s bien son adh?sion imm?diate d?’abord ? l?’Association pour l?’autonomie du Frioul et ensuite au MPF. Je n?’entends pas suivre les ?v?nements qui am?neront ensuite Pasolini ? sortir du MPF et ? s?’inscrire au Parti communiste italien, apr?s un premier moment pol?mique. Je voudrais plut?t souligner l?’existence de certaines implications post-romantiques et, comme je le pr?cisait plus haut, risorgimentali pr?sentes aussi dans cette phase de la r?flexion linguistique de Pasolini.?
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Il est en effet ?vident que l?’id?e d?’?tat r?gionaliste et d?centralis? ? laquelle les autonomistes, et Pasolini, faisaient implicitement allusion ne peut que provenir du projet d?’?tat f?d?ral de Carlo Cattaneo. Cattaneo avait con?u ce projet ? partir d?’une vision de l?’histoire italienne qui, depuis son d?but ? l?’?poque romaine, avait ?t? constamment fond?e sur des autonomies locales et, lors de l?’?poque glorieuse des Comuni, citadines (18). Je n?’ai pas l?’intention d?’analyser l?’id?ologie de l?’?tat chez Cattaneo (ce qui demanderait une ?tude ? part), mais plut?t de constater que la pr?supposition de l?’autonomie politique locale par celle de la langue est un ?l?ment th?orique d?j? mis en valeur par le penseur milanais, dont l?’?œuvre ?clectique comprend aussi un chapitre important sur la linguistique (19).

On sait que la position de Cattaneo vis-?-vis des langues locales a toujours ?t? ambivalente : oppos? aux th?ses de la langue orale et populaire toscane dans toutes ses versions (la Crusca, Manzoni et Tommaseo) et ? la perp?tuation de la diff?rence linguistique entre les habitants d?’un m?me pays, il soutient par contre toujours l?’importance de l?’?tude des dialectes et affirme la noblesse de la tradition litt?raire lombarde (20). En ce qui concerne son opposition aux th?ses sur la popularit? de la langue, nombreux sont les passages o? Cattaneo affiche sa position. Il suffit ici de rappeler la " Prefazione " ? ses ?crits litt?raires, o? Cattaneo ?crit, en faisant implicitement r?f?rence ? Tommaseo et ? Manzoni:

"Nel fatto poi della lingua, la dottrina della popolarit? [?…] significa che si debbano racc?gliere presso uno dei p?poli d?’Italia le forme che, pi? domestiche a quello, riescono pi? oscure a tutti gli altri. S?’intende un?’angusta e inutile popolarit? d?’origine, non la vasta e benefica popolarit? dei frutti. E in sustanza ci s?’ingiunge d?’accettar nuovamente a fastidiosa consigliera d?’ogni scrivere la Crusca. E anzi il rifiuto medesimo della Crusca viene da bramosi e sottili spigolatori raccolto e tessuto in certe p?gine, le quali ci su?nano affatto forestiere ; e ben piuttosto che di letteratura popolare sono lavori di lingua pi? dotta e pi? morta che non fosse test? la latina.[?…]? Quei? dialetti? privilegiati, a cui si modellano le lingue nazionali,? per? una? parte? loro? rimangono? sempre? dialetti ; sicch? vano ? lo sforzo di farli adottare per intero dalle nazioni. " (21)
Il est donc erron?, selon le penseur milanais, d?’imposer un dialecte, une langue r?gionale (Cattaneo fait ?videmment allusion au toscan) ? tout le peuple r?sidant ? l?’int?rieur des fronti?res du territoire national. Cattaneo veut implicitement dire qu?’une langue n?’a donc pas besoin d?’une auctoritas abstraite qui l?’aide ? affirmer son prestige. Ce seront plut?t les ?changes entre les gens et le progr?s civil qui feront de telle sorte qu?’un code de communication s?’imposera tout seul. Ce progr?s civil est d?’autant plus n?cessaire que " i dialetti [?…], essendo segni d?’un origine spesse volte nemica, perpetuano talora la discordia e la debolezza fra gli abitatori d?’una patria comune". (22)? L?’?volution des peuples doit alors cr?er une langue nationale qui s?’adapte naturellement ? tout le territoire de la nation, et, en ?liminant les autonomies locales, elle doit aussi avoir comme effet de r?duire le plus possible le domaine dialectal. Ceci est, pour Cattaneo, le cours normal des civilisation humaines:
"Il tempo dilata il campo delle lingue, e perci? ne diminuisce il numero ; esso ne scolora le differenze, nella stessa? misura? che? dilata? e? congiunge i consorzi civili, e costruisce le trib? in popoli, e i popoli in nazioni." (23)
Mais l?’?tude des dialectes est pourtant n?cessaire et utile et cela pour plusieurs raisons. Il y a tout d?’abord une raison (si on peut ainsi la d?finir) irrationnelle et sentimentale : l?’histoire italienne est, dans la reconstruction que Cattaneo en fait, une histoire municipale (24). Le sentiment d?’appartenance ? une r?alit? locale, qu?’il pr?c?de ou qu?’il co?ncide avec celui d?’apprtenance ? une nation est ineffa?able chez tout italien (25). C?’est pour cela que Cattaneo vante dans plusieurs ?crits la noblesse de la tradition litt?raire dialectale lombarde, et en particulier celle de ses plus grands po?tes, tel que Carlo Porta (26). En deuxi?me lieu, il y a une raison de nature scientifique, li?e ? la formulation de la th?orie du substrat que Cattaneo avait donn?e et qui aura par la suite une influence tr?s importante aussi sur la travail de G. I. Ascoli (27). D?’apr?s cette th?orie, les langues indo-europ?ennes ne d?riveraient pas d?’une origine unique et indistincte dont elles se seraient diff?renci?es tout au long de l?’histoire, comme on soutenait encore ? l?’?poque. Il faut au contraire expliquer la ressemblance des langues indo-europ?ennes au niveau phonique par l?’?œuvre d?’uniformisation accomplie sur elles par le latin pendant la domination romaine s?culaire. ? leur origine, elles ?taient donc tout ? fait diff?rentes, et cet " effet de substrat " expliquerait leurs diff?rences phon?tiques actuelles. En d?’autres termes, le "substrat" linguistique des peuples domin?s par les Romains aurait influenc? le processus d?’apprentissage du latin par ces peuples, donnant lieu ? des diff?rentes formes de langues vulgaires qu?’on appelle aujourd?’hui les langues romanes (28). Cattaneo donne une formulation tr?s claire de cette th?orie dans l?’essai, que j?’ai plusieurs fois cit?, "Sul principio istorico delle lingue europee":
"Le lingue vive d?’Europa non sono le divergenti emanazioni d?’une primitiva lingua comune, che tende alla pluralit? ed alla dissoluzione ; ma sono bens? l?’innesto d?’una lingua comune sopra i selvatici arbusti delle lingue aborigene, e tende all?’associazione ed all?’unit?. [?…] Non ? che una lingua madre si scomponga in molte figlie ; ma bens? pi? lingue affatto diverse, assimilandosi ad una sola, divengono affini con essa e fra loro ; e per poco che l?’opera si continui, o a pi? riprese si rinnovi, divengono suoi dialetti, e infine mettono foce commune con lei." (29)
L?’?tude des dialectes est, donc, n?cessaire afin d?’avoir des informations sur les peuples qui habitaient les territoires par la suite conquis par les Romains. Les dialectes sont en effet les traces et tout ce qui reste de ces langues anciennes qu?’ils parlaient avant la domination romaine. Il est alors tout ? fait clair que l?’opposition de Cattaneo aux dialectes s?’explique seulement dans le cadre o? elle s?’exprime, cadre qui est celui de la probl?matique risorgimentale de l?’unit? de la langue et du peuple. Mais Cattaneo est, cependant, tr?s conscient de la valeur culturelle des dialectes. ? ce propos, il d?clare dans le m?me ?crit, que je viens de citer:
"INTANTO I DIALETTI RIMANGONO UNICA MEMORIA DI QUELLA PRISCA EUROPA, CHE NON EBBE ISTORIA, E NON LASCI? MONUMENTI. Giova dunque raccogliere con pietosa cura tutte quelle reliquie; studiare in ogni dialetto la pronuncia e gli accenti [?…]." (30)
Ailleurs, il parle encore de l?’
"inculto idioma delle plebi che non potevano accorrere tutte ad imparare una nuova lingue nele sc?le o nel foro di Roma ; ma la raccoglievano fortuitamente e spezzatamente negli eserciti, nei mercati e lungo le grandi vie che portavano nelle lontane provincie le legioni. In quell?’uso tumultuario dovevano mutilarsi e impoveririsi le inflessioni, ridursi a costruzione semplice e diretta la trasposizione latina, torcersi i suoni giusta le pronunce indigene. E cos? nel dialetto s?’improntava indelebile la memoria di quel singolo popolo al quale il municipio aveva appartenuto." (31)
Pasolini cite en deux occasions le nom de Cattaneo: la premi?re fois (comme on l?’a d?j? vu), dans son m?moire de ma?trise, o? il le propose comme un mod?le de style dans le domaine de l?’exposition th?orique et scientifique. La deuxi?me fois, il extrait un passage d?’un texte de Cattaneo pour le mettre en exergue d?’un groupe de po?mes, qui porte le titre de "Passions", publi? dans le Stroligut en ao?t 1945 (32). Il s?’agit d?’un passage tr?s important qui adh?re parfaitement ? l?’id?ologie linguistique dialectale de Pasolini, et qui expose aussi la conviction de Cattaneo ? l?’?gard de l?’importance culturale des dialectes:
"[?…] rimosso tuttoci? che vi ? di uniforme, cio? di straniero e fattizio, i fiochi dialetti si ravvivano in lingue assolute e indipendenti, quali furono nelle native condizioni del genere umano." (33)
Il treno San Vito-CasarsaJe crois que Pasolini ne pouvait pas ?tre insensible ? cet enseignement. Mais je voudrais maintenant faire remarquer l?’utilisation des principes de la linguistique ? laquelle Pasolini a recours, ? cette ?poque, pour d?fendre ses th?ories sur la litt?rature et sur l?’autonomie de la langue. Son exaltation des langues ladines d?pend en effet de tout ce complexe de connaissances qui comprend: Cattaneo, avec sa th?orie du substrat et ses implications au niveau historique ; Ascoli, qui part justement de la th?orie du substrat pour affirmer l?’autonomie linguistiques des dialectes ladins ; Contini, lequel baptise le d?but litt?raire de Pasolini et est pr?t ? soutenir le projet litt?raire du Quaderno romanzo comme revue "pi? poetica che filologica, di tutte le parlate ladine" et des langues romanes mineures (34). Le changement des conditions politiques, encouru suite ? la chute du fascisme, permet ? Pasolini d?’utiliser l?’enseignement de ces trois auctoritates pour affirmer ses revendications autonomistes d?’une mani?re qui s?’oppose aux intentions primitives de Cattaneo et d?’Ascoli, qui, en ?tudiant les dialectes, visaient par contre ? affirmer l?’unit? "sup?rieure" de l?’italien (35). Les dialectes auraient d?, dans l?’intentions des deux penseurs, dispara?tre au fur et ? mesure que l?’italien s?’imposait au niveau national. Chez Pasolini, au contraire, l?’?tude des dialectes est fonctionnelle ? la l?gitimation de leur identit? historique et culturelle. Cette l?gitimisation s?’accomplit dans le cadre du processus, suivi ? la fin du r?gime fasciste, pour l?’int?gration administrative des r?gions ?– en tant qu?’autonomies locales -? au sein de la nation italienne.
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NOTE

(1)??? P.P.PASOLINI, ? Dalla lingua al friulano ?, Ce Fastu, a. XXIII, n? 5-6, dicembre 1947 (maintenant in idem, Un paese di temporali e di primule, cit., p. 225-227 ; et in idem, Saggi sulla letteratura e sull?’arte, vol. I, cit., p. 282-285).
(2)Ibid., p. 225.
(3)Ibid., p. 226. Pour la liste des po?mes traduits, cf. la Bibliographie. Pour les enjeux m?ta-litt?raires des traductions, cf. aussi F. FERRI, op. cit., p. 15-24.
(4) P.P.PASOLINI, ? Sulla poesia dialettale ?, Poesia, a. VIII, ottobre 1947, Milano, Mondadori, p. 105-119 (maintenant in idem, Saggi sulla letteratura e sull?’arte, vol. I, cit., p. 244-264).
(5) Pasolini y reproduit presque ? la lettre certains passages de son m?moire de ma?trise (cf. surtout la note ? pied de page n?1, p. 246-248). Cet essai peut donc ?tre consid?r? comme une reprise des analyses faites par Pasolini dans son ?tude sur Pascoli.
(6) P.P.PASOLINI, ? Il Colloredo e il sonetto ?, Quaderno romanzo, a. I, n? 1, 1946 (maintenant in idem, L?’Academiuta friulana e le sue riviste, cit., p. 33-36 ; et in idem, Saggi sulla letteratura e sull?’arte, vol. I, p. 214-217).
(7) P.P.PASOLINI, ? Sulla poesia dialettale ?, cit., p. 246.
(8) M. Sansone la juge comme une preuve de la ? dubbia intelligenza storica ? (19) de Pasolini (M. SANSONE, ? Relazioni fra la letteratura italiana e le letterature dialettali ?, in AA. VV., Le Letterature comparate, vol. n?IV de la collection dirig?e par A. Momigliano Problemi e orientamenti critici di lingua e di letteratura italiana, Milano, Marzorati, 1948, pp. 261-327 (cit. ? p. 326).
(9) P.P.PASOLINI, ? Sulla poesia dialettale ?, cit., p.249-250.
(10)Ibid., p. 246-247.
(11)Ibid., p. 257.
(12) P.P.PASOLINI, ? Academiuta di lenga furlana ?, cit., p. 2.?
(13)Ibid., p. 2.?
(14) En tout ce qui concerne l?’expos?, que je fais par la suite, de l?’activit? politique de Pasolini pour l?’autonomie r?gionale du Frioul et des circonstances historiques dans lesquelles elle se d?roule, j?’ai suivi l?’expos? de N. NALDINI in ? Al nuovo lettore di Pasolini ?, cit., p. 91-100. Quant ? la probl?matique de la constitution des r?gions dou?es d?’autonomie administratives en Italie, cf. l?’essai de L. LEONI, ? L?’esperienza regionale ?, in AA.VV., Nuovi equilibri e nuove proposte, coll. ? Storia della societ? italiana ?, vol. XXV, Milano, Teti editore, 1990, p. 203-237 (cf. sp?cialement les pages 204-210 afin de comprendre le r?le fondamental que le ? Partito d?’Azione ? a eu dans ce proc?s).
(15) ? Che cos?’? dunque il Friuli ? ?, Libert?, 6 novembre 1946 (maintenant in P.P.PASOLINI, Un paese di temporali e di primule, cit., p. 249-252); ? Sulle aspirazioni friulane ?, Libert?, 26 gennaio 1947 (maintenant in P.P.PASOLINI, Un paese di temporali e di primule, cit., 253-255) ; ? Il Friuli autonomo ?, Quaderno romanzo, cit., p. 3-9 (maintenant in P.P.PASOLINI, Un paese di temporali e di primule, cit., p. 256-262) ; ? Il Friuli e il Movimento Popolare Friulano ?, Il Mattino del Popolo, 28 febbraio 1948, (maintenant in P.P.PASOLINI, Un paese di temporali e di primule, cit., p. 263-266.)
(16) Cf. N. NALDINI, ? Cronologia 1944 ?, in P.P.PASOLINI, Lettere 1940-1954, cit., p. LVII.
(17) Pasolini relate ? ce propos dans l?’article ? Il Friuli e il Movimento Popolare Friulano ?, cit. (citation ? p. 263) : ? Quando nei primi mesi del ?’47 D?’Aronco m?’invit? a far parte del Comitato esecutivo del nascente movimento io non potevo non accettare ; tutto mi spingeva a compromettermi in un movimento che aveva per obiettivi un?’autonomia amministrativa e una rivendicazione di dignit? storiche e (soprattutto) linguistiche per il Friuli, che non solo rientravano nei miei slogan politici ?– si sa che il Partito d?’Azione optava per le Regioni ?– ma (soprattutto) nelle mie aspirazioni poetiche. ? (20)
(18) Cf. G. A. BELLONI, Carlo Cattaneo e la sua idea federale, a cura di G. Armani, ? Domus Mazziniana ?, Pisa, Nistri-Lischi, 1974 (cf. surtout les pages 143-150).?
(19) Pour une analyse tr?s d?taill?e de la linguistique, cf. S. TIMPANARO, ? Le idee linguistiche ed etnografiche di Carlo Cattaneo ?, in id., Classicismo e illuminismo nell?’Ottocento italiano, Pisa, Nistri-Lischi, 1965, p. 228-283).
(20) Cf. S. TIMPANARO, ? A proposito di un inedito del Cattaneo sulla poesia dialettale ?, in idem, op. cit., p. 372-373.
(21) C. CATTANEO, ? Prefazione ?, in idem, Opere edite ed inedite di Carlo Cattaneo. Scritti letterari, vol. I, a cura di A. Bertani, Firenze, Successori Le Monnier, 1881, 3-9 (cit. aux pages p. 8-9). Cf. aussi la c?l?bre critique adress?e ? Fede e bellezza de Tommaseo (ibid., p. 114-126).
(22) C. CATTANEO, ? Sul principio istorico delle lingue europee ?, cit., p. 147.?
(23) Ibid., p. 191.?
(24) C. CATTANEO, ? La citt? considerata come principio ideale delle istorie italiane ?, in idem, Scriti storici e geografici, vol. II, a cura di G. Salvemini e E. Sestan, Firenze, Felice Le Monnier, 1957, p. 383-437.?
(25) Sur le probl?me de l?’int?gration des traditionnels droits locaux au sein du territoire national unifi? dans la pens?e de Cattaneo, cf. S. TIMPANARO, ? A proposito di un inedito del Cattaneo sulla poesia dialettale ?, cit., p. 374.
(26) Cf. C. CATTANEO, ? Della satira ?, in idem, Opere edite ed inedite di Carlo Cattaneo. Scritti letterari, cit., p. 127-131 (cf. surtout la p. 129) ; cf. ? Notizie naturali su la Lombardia ?, in idem, Opere edite ed inedite di Carlo Cattaneo. Scritti di economia pubblica, vol. IV, t. 1, a cura di A. Bertani, Firenze, Successori Le Monnier, 1887, p. 181-284 (cf. surtout p. 283).
(27) Cf. S. TIMPANARO, ? Le idee linguistiche ed etnografiche di Carlo Cattaneo ?, cit., p. 229 ; S. TIMPANARO, ? L?’influsso del Cattaneo sulla formazione culturale e sulla linguistica ascoliana ?, in idem, op. cit. p. 284-357.
(28) Pour une exposition de l?’histoire de cette th?orie, cf. S. TIMPANARO, ? Le idee linguistiche ed etnografiche di Carlo Cattaneo ?, cit., p. 246-253.
(29) C. CATTANEO, ? Sul principio istorico delle lingue europee ?, cit., p. 190-191.?
(30)Ibid., p. 191.?
(31) C. CATTANEO, ? La citt? considerata come principio ideale delle istorie italiane ?, cit., p. 391.
(32) P.P.PASOLINI, Passions, in Il Stroligut, Casarsa, agosto 1945, cit., p. 1-7. Il s?’agit de trois po?mes tir?s des ? C?rus in muart di Guido ?, de Discors tra na Ve?a e l?’Alba, d?’Il Vescul di Concuardia et de Misteri.
(33)Ibid., p. 1.?
(34) Lettre ? G. Contini (27 marzo 1946), in P.P.PASOLINI, Lettere 1940-1954, cit., p. 242. Il faut rappeler que, par l?’interm?diaire de Contini, Pasolini publie dans Quaderno romanzo une traduction d?’une anthologie de la po?sie catalane (? Fiore dei poeti catalani ?, p. 10-32) de Carl?s Card?, po?te catalan exil? ? Fribourg en Suisse et auteur du livre Histoire spirituelle des Espagnes.
(35) Cf. G.I.ASCOLI, Scritti sulla questione della lingua, a cura di C. Grassi, Torino, Einaudi, 1975).
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, La conception de la langue po?tique chez Pasolini
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